PRESENTATION
INTERVENTIONS
JEUX
DOCUMENTATION
RESUME DE COURS
ET BIBLIOGRAPHIE
FRESQUE
Dans cet ouvrage de Lucie Taïeb 'Freshkills; Recycler la terre'
Lucie Taïeb traite d’une manière poétique et critique la question de déchets dans une société de consommation. En s’inspirant du roman "Outremonde" où le protagoniste est impresioné par la décharge violente et massive de déchets dans le depotoir Freshkills à Staten Island, l’autrice traite le sujet depuis cette fascination pour comprendre quelle relation on entretien les sociétés modernes avec nos ordures.
Pour cela elle s'appui sur des références comme l’anthropologue Mary Douglas avec ses études sur la société, son hygiène et la hiérarchie qu’on peut déceler de tout cela.
En revenant sur cet endroit à Staten Island, suite à sa fermeture en 2011 et son réaménagement /réhabilitation pour devenir un parc récréatif naturel, on développe le questionnement du « recyclage de la terre » dans cette apparence de ville propre, en construisant sur nos déchets et en essayant d’effacer et d’éloigner en bâtissant cette ligne invisible qui tend à l’aveuglement.
Pendant les huit chapitres du livre, chacun nommé comme un endroit réel ou imagé, ou un sentiment, l’autrice se promène entre la conscience et l’invisibilité, l’effacement. Toujours en étant le sujet actif l’humain en tant que société et l’objet la terre en tant que milieu d’habitation.
Le premier chapitre appelé 'Eden', traite de manière métaphorique et à travers des extraits de la littérature cette perte d’un idylle, d’une maison, de la terre, pour laisser la place à un dépotoir massif.
Les chapitres qui suivent nous accompagnent dans cette 'chute’ comme nous laisse imaginer le chapitre suivant 'déchoir'.
Malgré les mesures gouvernementales depuis le début des dépotoirs, en créant des « brigades blanches » pour nettoyer la ville, pour la purifier, en reléguant à un troisième plan ces endroits de décharge, des arrondissements oubliés, les marges urbaines », près des oubliés, des quartiers pauvres, suivant cette hiérarchie une fois encore, qui a tendance à se répéter à l’infini dans ce changement d’endroit qui emporte avec soi un éloignement et un aveuglement dans une sorte de respect et de purification de soi-même.
L’autrice remarque aussi que même dans la polysémie et la multiplicité de noms de déchet, on ne peut jamais déceler quelque chose de propre ou de profitable, pendant que 'monde' du latin 'mundus' et mundus propre sont un seul mot.
À la fin du troisième chapitre, après avoir visité le parc de Freshkills à Staten island, et avoir connu le fonctionnement de réhabilitation (standard) face à ce type de projets et qui consiste à superposer des différentes couches de matériaux et de plastiques afin de renfermer dans la terre les déchets d’une façon étanche pour pouvoir ajouter de la verdeur au-dessus, elle constate cette négation de l’ordure, cette honte de l’impur, et une fois de plus cet éloignement
Dans la suite, l’autrice continuera à se questionner comme une hantise par rapport à ce traitement qu’on entretient avec nos ordures, nommant aussi les incinérateurs, et la façon dont on pourrait se placer et parler par rapport au déchet depuis une perspective non-neutre et économique.
L’autrice nous propose, dans cette société de consommation, de garder une mémoire envers ces endroits, qu’une fois détruits, sont réhabilités et recyclés comme un objet de marchandise pour se remettre dans son cycle habituel de vie et de consommation. Garder une mémoire pour ne pas répéter sans cesse le même processus de négation et d'éloignement du déchet et de nos responsabilités
De rompre cette ligne invisible entre la maîtrise et l’aseptise pour nous accepter en tant qu’acteurs du déchet et ainsi en tant que responsables.
Elle rêve d'une utopie de révolution et d’un déplacement des rôles et des actions.